A la suite du philosophe grec Théophraste qui, à l’âge de quatre-vingt-dix neuf ans, avait assez vécu pour connaître les hommes et leurs divers tempéraments, La Bruyère dans Les caractères, dresse quelques portraits caractériels saisissants.
Qu’est-ce qu’un caractère, sinon la plus grande particularité de chacun de nous ?
Interprété par certains comme une habitude dont il est impossible de se défaire, par d’autres comme une perspective affective, par d'autres encore comme la totalité de notre existence, le caractère interroge notre part de liberté.
Il est en effet couramment ramené à une nature innée, ce déjà-là à la naissance, qui viendrait marquer d’un sceau indélébile notre vie et en faire un destin. Les psychologues parlent alors de tempérament, les bouddhistes de karma. Comme ces formules définitives dites au-dessus d'un berceau : "Il est vif", "elle est attentive"....
A cette part génétique s'ajoutent les identifications acquises, qu'elles soient conscientes à travers les normes culturelles et sociales, ou inconscientes. "Il a pris la générosité de sa culture orientale", "il est devenu tolérant comme sa mère",...
A en croire les traités de caractérologie, nous pourrions entrer dans une des huit catégories suivantes : nerveux, sentimental, coléreux, passionné, réaliste, flegmatique, amorphe, ou encore apathique.
Dis-moi quel est ton caractère et je te dirai qui tu es...
Et si nous ne nous résumions pas si simplement à notre caractère ? Et si c’était aussi nos actes qui nous caractérisent ?
Aristote dans sa sagesse pratique avait proposé de ne pas caractériser quelqu’un de bienheureux de son vivant, mais d’attendre qu’il soit mort pour pouvoir le faire…
Notre caractère se transforme au cours de notre histoire. Nous n'en sommes pas prisonnier. En mêlant la part de notre identité permanente et celle que nous nous forgeons au fil du temps, nous nous montrons capable d'une initiative vis-à-vis de nous-mêmes.
N’attendons pas de mourir pour mieux nous connaître et faire évoluer notre caractère au gré de notre objectif de vie.
En racontant les éléments de mon caractère, je le fais mien, je l'assume. Je m'autorise à sortir de mes habitudes et de mes identifications acquises, je prends conscience d'autres possibles, je me libère pour aller vers l'horizon de sens qui me correspond à l'heure actuelle.
Je saisis mes choix de vie différemment !
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