Pour l’anthropologue René Girard, notre désir est mimétique.
Nous ne désirons pas un objet par nous-mêmes, mais parce que l’autre le désire. Le désir de l'autre me fait obstacle et devient ainsi un modèle de désir pour moi. Le mimétisme ne porte plus sur l’objet, mais sur l’antagonisme lui-même avec l’autre. Plus cet obstacle est fort, plus mon désir sera exalté, plus mes chances de réussite sont faibles.
La violence entre alors en scène dans ce mécanisme. En désirant le désir de l’autre, je désire, dit le philosophe, jusqu’à sa mort. De ce point de vue, la violence n’est pas issue d’un instinct d’agressivité quasi animal, mais elle ressort du désir lui-même, elle lui est inhérente.
D’où l'expression devenue courante de “spirale mimétique” pour dire que les relations humaines sont à penser en fonction de cette lutte de rivalité. Le conflit est inévitable, il procède tel une boule de neige.
Seule une crise permet de le dépasser. La rivalité de tous contre tous se transforme alors en une rivalité de tous contre un. On fait violence à une victime pour apaiser le groupe : le lynchage (il peut être verbal), pour être efficace, est collectif.
C’est cette violence-là qui permet d’expulser la violence préexistante. La réconciliation, la cohésion et l’unanimité sont retrouvées autour de la victime, tenue responsable de la discorde préalable. Le groupe s’exonère dans la fabrication d’un bouc-émissaire.
Cette théorie a pu être discutée, non pas tant sur la description réaliste de phénomènes sociaux bien réels, mais sur sa prétention à vouloir expliquer à elle seule tout notre relationnel.
A cette spirale aux effets dévastateurs, pourrait-être opposée le processus de la reconnaissance qui permet lui-aussi de neutraliser la violence. Je reconnais qu’habite en moi un fond que je ne sais pas enfermer dans les limites du langage humain, une sorte de confiance originaire dans la vie.
Cette reconnaissance me permet une autre forme de relation à l’autre : je lui reconnais à lui aussi ses propres convictions et si je lui fait crédit, s’instaure alors un rapport de réciprocité fondé sur la liberté individuelle de chacun.
Le mécanisme du bouc-émissaire n’est pas fatal. Une autre regard sur le monde est possible qui place la confiance et la tâche de nous reconnaître mutuellement au coeur de nos vies.
Et vous, de quel côté vous situez-vous ? Parlons-en ! www.coachpersonal.info

Photo by Santiago Cornejo
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