top of page

Petite philosophie du "maintenant"

Clémence Rouvier

Jean d’Ormesson, l’écrivain des formules élégantes, nous propose cette approche inspirante du temps : “ Il y a des jours, des mois interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.”


Nous avons tous éprouvés ces variations temporelles, et elles restent profondément inscrites dans notre mémoire. Il y a des minutes, parfois fulgurantes, qui ne s’oublient pas…


Augustin lui-même avouait son impuissance à expliquer le temps, alors que, disait-il, si on ne lui posait pas la question, il savait ! Entre l’empreinte laissée par le passé et l’attente de quelque chose qui n’est pas encore, il envisage le présent comme une “attentio”.


Cette attention au maintenant est ce temps très précis, où je prends la parole. Je me situe en parlant comme sujet, prenant ainsi une latitude temporelle pour autant que je suis capable d’y prêter attention et de la maintenir. Augustin prend l’exemple de la récitation d’un vers, qui suppose l’intention présente du récitant, qui ne peut réciter que parce qu’il se souvient du rythme passé et qu’il attend la rythmique future.


Bien plus qu’un point ponctuel ou qu’un clin d’oeil, ce maintenant suppose en effet un espace entre un commencement et une fin, ce qui lui donne une épaisseur.


Chez Aristote, ce temps-là est celui de la décision, de l’agir proprement dit, car le passage de la puissance à l’acte prend du temps.


Chez Platon, l’intervalle contient le maintenant d’un pur présent dont le devenir est exclu. C’est un maintenant absolu de contemplation, qui nous offre une soudaineté, une fulgurance, pareil à une extase : “Ô temps ! Suspend ton vol !”


Temps de la parole, de la décision ou de la contemplation, ce présent nous échappe. Nous n'en sommes pas toujours maîtres. Il a du mal à retenir notre attention. Qu'il nous soit trop familier, et il passe l'air de rien ; qu'il nous soit indifférent, et l’on s’en détourne ; qu'il soit happé comme dans une centrifugeuse, qui nous dicte d’aller toujours plus vite, et nous le ratons.


Les exercices de méditation et de pleine conscience ont leur utilité, car ils permettent de se connecter à ce maintenant qui nous appartient.


Si je m'arrête un instant et que je fais acte de présence d’esprit au monde, je suis connectée à lui dans un temps qui dépasse l‘instant. Attentive et accueillante à tout ce qui apparaît à ma conscience, je goûte alors l’instant qui contient tout un monde.


Pourquoi pas vous ? Parlons-en. www. coachpersonal.info



Comentarios


bottom of page