Quand nous nous heurtons à une relation qui s’est embourbée dans une impasse, parfois sous l’effet de l’involontaire ou bien dans le contexte d’une situation inextricable, il peut s’y glisser de l’irréparable.
Alors, le pardon est à l’ordre du jour. Mais il n’est jamais obligé...
Pour celui qui le demande, l’opération est plus coûteuse qu’il n’y paraît : pour accepter sa faille, il perd l’image idéale qu’il a de lui-même. S’il a failli, c’est qu’il a perdu ne serait-ce qu’un instant le poids qui lui donne sa stabilité et son ancrage. Dans l’attitude négative qui demande à être pardonnée, il a laissé une part de son identité. Celle-ci s’est alors figée dans le temps, comme arrêtée sur cette erreur.
Retrouver le cours de son identité et de la relation qui allait avec elle, exige une demande explicite et assumée de pardon à l’autre. Elle suppose parfois de s'être
d 'abord pardonné à soi-même et ce n’est qu’au prix de cette parole que le temps peut s’ouvrir à nouveau, mais toujours au risque du refus de l’autre...
Pour celui qui pardonne, le coût n’est pas non plus anodin : il doit passer sur la blessure inévitable surgissant dans le miroir déformé de lui-même qui a pu être imposé par l’autre. Il s’agit alors pour lui de délier cet acte subi, de la personne qui l’a commis, en permettant à cette dernière de remettre les compteurs à zéro.
Pardonner, c’est pouvoir restaurer une mémoire, celle qui pose l’autre en dehors ou sans la faute. En le pardonnant, on l’aide à se comprendre lui-même, à prendre conscience de l’écart qui existe entre ce qu’il a été et le devoir-être qu’il aurait pu déployer.
On le voit bien, nul ne peut pardonner ou promettre seul. C’est une expérience de réciprocité coûteuse, qui dépasse toute équivalence. Même si rien n’est effacé, le lien particulier d’une relation peut être plus fort que la discorde et valoir le coût, c’est le cas de le dire ! d’entrer sur la voie du pardon.
Mais la question se complique lorsque l’évaluation de la faute n’est pas la même de part et d’autre. Ou que la faute est rejetée sur l’autre partie. Ce qui est partageable est ainsi entaché de différences d’interprétations qui peuvent mener à des incompréhensions, voire plus à de l’irréductible, jusqu’à empêcher l’échange du don, sans lequel il n’y aurait pas de par-don.
Néanmoins, quand il a lieu, prouvant que l’altérité choisie vaut mieux que chacun des ego en jeu, le pardon est vraiment un petit miracle de la reconnaissance. Il offre à la relation une nouvelle couleur, assortie de la maturité d’une discorde assumée. De ce point de vue, il est admirable.
Et vous, êtes-vous sur le chemin du par-don ? Parlons-en !

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